Gestion: Proposé le 29 mai 2023 par Max Bertin actualisé le 02/06/2023
Mécontent de l'avanie infligée par l'agence Fitch avec sa décote de la notation de crédit de la France, le premier de cordée a envoyé son sinistre des finances faire la danse du ventre pour obtenir le maintien de la note AA par Standard and Poor's. C'est ce qu'il transparaît de la déclaration de l'actuelle 1ère ministre.
Qu'un ministre soit contraint d'aller faire du lobbying auprès d'une agence de notation, fut-elle l'une des plus importantes, dit combien le crédit international de la France est largement entamé, pour ne pas dire comme Fitch, dégradé.
Après l'annonce du maintien de la notation par Standard and Poor's, peut-on encore croire qu'une danse des 7 voiles suffit à infléchir la décision sur la notation et ne laisse pas d'interroger sur les contreparties ou les promesses concédées par la cordée présidentielle?
Les cotes ou notations de crédit sont des supputations sur la capacité et la volonté des émetteurs de titres de créance, comme les entreprises ou les gouvernements, de respecter leurs obligations financières à temps et intégralement.
Plus simplement dit, les notations de crédit sont des présomptions, des conjectures sur la solvabilité d'un candidat à un crédit.
Tout comme pour les prévisions météorologiques, les notations sont élaborées en trois étapes:
C'est comme sortir de chez soi avec un parapluie un jour d'été ensoleillé ou comme il se dit dans le parler normand; p'têt ben qu'oui, p'têt ben qu'non.
Ces modernes sibylles de l'ère numérique sont aussi fiables que leurs lointaines aînées et, comme elles, vivent dans des temples érigés aux dieux de la Finance.
La note, à elle seule, ne suffit pas à exprimer la cotation, il faut y adjoindre les remarques sur les perspectives qui viennent la pondérer.Trois agences de notation ont exprimé des inquiétudes quant à la capacité de la France à maîtriser ses finances publiques dans un contexte de dette publique élevée, ajoutant aux craintes quant à la capacité du président Macron, à poursuivre ses efforts pour améliorer la compétitivité et la croissance dans un contexte social et un climat politique tendu, notamment dû à l'absence de majorité à l'Assemblée nationale et aux élections sénatoriales en septembre prochain, le 24/09/2023.
L'économie française, la deuxième de la zone euro, devrait rester morose jusqu'au moins l'année prochaine, mais la situation financière du pays est plus préoccupante pour les agences de notation. La France a dépensé des sommes considérables en faveur des entreprises et pour protéger les ménages durant la période de l'épidémie de coronavirus. Le gouvernement de Macron s'inquiète d'un toujours possible déclassement.
Selon l'Insee, la dette publique, au sens de Maastricht, de la France est de près de 3.000 milliards au 4ème trimestre 2022 soit 111,6% du P.I.B. national, plaçant ainsi la France dans un groupe, composé de la Grèce, l'Italie, du Portugal et de l'Espagne, d'économies de la zone euro détenant les ratios d'endettement les plus élevés. L'Allemagne, la plus grande économie de l'Union Européenne, qui s'en tient à une plus stricte discipline budgétaire, à un taux de la dette représentant 66 % du P.I.B.
Bien qu'ayant maintenu la notation de crédit pour l'été, S&P Global a déclaré possible l'abaissement des notes de la France au cours des 18 prochains mois si la dette ne diminuait pas. Un ralentissement durable de l'économie ou une diminution insuffisante des dépenses publiques aggraverait le risque d'une dégradation.
Pour ceux qui souhaiteraient avoir une autre lecture sur le rôle des agences de notation, le site vie-publique.fr propose une page titrée: Dette publique : le rôle des agences de notation en quatre questions ou ICI au format PDF.
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