Techno: Proposé le 22 août 2023 par Max Bertin actualisé les 6 et 14 septembre 2023
La transition numérique, imposée à marche forcée, sans contre-partie ni avantage pour les entreprises et les citoyens, se réalise au détriment, non pas, de la qualité du service public mais de l'existence même du service dû aux citoyens.
Les gouvernements successifs glosent sur les déserts médicaux, sans rien faire pour y remédier, une affaire de numerus clausus, en passant sous silence les déserts administratifs, particulièrement ceux liés à la transformation numérique de l'état.
L'exemple le plus marquant est celui de l'ANTS, l'agence chargée de délivrer les cartes d'identité, passeports, permis de conduire et certificats d'immatriculation des véhicules.
Les délais de délivrance des titres sont tels que le gouvernement s'est vu contraint, en mai 2022, de mettre en œuvre un plan d'urgence pour désengorger le service et réduire les délais excessivement longs de délivrance des titres d'identité.
Arguer d'une augmentation des demandes ou des délais de fabrication pour justifier des retards de délivrance des titres ne sert qu'à masquer l'incohérence de la concentration en un seul point de l'ensemble des demandes de toute la France ainsi que l'inadaptation et l'insuffisance des moyens humains et techniques.
Pour contourner la saturation des services de l'ANTS, un retour en local, dans 400 mairies, du recueil de demandes de titres est mis en œuvre en mai 2022
Dispositif augmenté en janvier 2023 de 500 nouveaux guichets, partout en France.
Ces difficultés ne sont ni nouvelles, ni même récentes, en 2018, déjà, un usager avait exposé ses déconvenues et les dysfonctionnements du traitement de sa demande de certificat d'immatriculation.
Il est à noter que, malgré le vœu de E. Borne de diminution de 60 à 30 jours du délai d'obtention d'une CNI,
il n'y ait pas de franche amélioration si l'on en croit ce témoignage
Alors que la transformation numérique des administrations publiques aurait dû permettre un meilleur accès aux services publics, notamment sur des plages horaires étendues, jusqu'à 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pour l'essentiel des services courants, il apparaît que nos services publics en soient restés à l'ère du petit travail tranquillePTT, du temps où le service postal était une administration et des ronds-de-cuir tout en créant des déserts administratifs en rendant inaccessibles ses services ou, dans le meilleur des cas, difficilement accessibles.
Quelles personnes ayant la nécessité de faire renouveler un titre de séjour n'a pas connu les affres des appels téléphoniques n'aboutissant pas, des rendez-vous à une date postérieure à la date de validité d'un titre de séjour rendant impossible la conclusion ou pire encore le maintien d'un contrat de travail, des heures de files d'attente infructueuses, etc.
L'impéritie de l'A.N.T.S n'est que la partie émergée de l'iceberg administratif.Des situations identiques existent dans toutes nos administrations publiques qu'il m'est malheureusement impossible d'énumérer, de citer, tant elles sont nombreuses. Toutefois, on peut évoquer la déliquescence de l'administration judiciaire, le délitement de l'Education Nationale pour laquelle il manquera, au moins, 1500 enseignants dans le primaire à la rentrée du 4 septembre 2023.
Et ce, malgré les déclarations à travers la presse d'un certain Macron
.La rentrée scolaire des élèves ayant lieu cette année 2023, le 4 septembre, le même zélateur d'une Education Nationale révolutionnée à doses homéopathiques, envisage-t-il de commémorer la proclamation de la IIIe République?
La seule ressource pour les quelques millions de personnes désavantagées par un illectronisme généré par le système administratif, dont toutes celles qui ne disposent pas d'Internet ni d'ordinateur à domicile, est de se rendre, se rabattre dans l'une des Maisons France Services, vecteur supposé de cohésion sociale ou d'attendre le passage du bus.
Précision linguistique: L'illectronisme, terme construit sur le modèle de l'illettrisme, est un euphémisme pour désigner, notamment, les exclus des services publics.
lecture complémentaire: Le miroir aux alouettes des économies alléguées de la transition numérique
Ce mercredi 6 septembre 2023, le conseil d'état a tenu son second rendez-vous annuel de rentrée, au cours duquel l'un des thèmes évoqués par son vice-président, semble faire écho à cet article, le dernier kilomètre des politiques publiques.
Le dernier kilomètre des politiques publiques, belle expression technocratique pour décrire l'inadéquation ou l'inadaptation des services que les administrations publiques devraient rendre aux citoyens.
Introduction:
Dans son rôle de conseil du gouvernement, le Conseil d'État a voulu, dans son étude "L’usager du premier au dernier kilomètre de l’action publique ", vérifier si les acteurs de l'action publique atteignaient effectivement les usagers qu'ils visent et les objectifs qu'ils se sont fixés. Le constat à l'origine de cette étude est le fossé grandissant qui sépare les usagers et leurs administrations.
Le collectif nos services publics, composé d'une centaine de chercheurs, d'agents du service public, d'experts et de citoyens, publie, ce jour, le résultat d'analyses d'années de politiques publique dans un rapport sur l’état des services publics dont il ressort que les services publics n'évoluent pas selon les besoins de la société française et régressent au profit du secteur privé comme dans le monde de l'éducation ou de la petite enfance avec de moins en moins de crèches publiques supplantées par des crèches privées dont la logique de la rentabilité prime sur l'intérêt e le bien-être des jeunes enfants.
De là à dire que la transition numérique de l'état fait disparaître les services publics, il n'y a qu'un pas déjà franchi, subi par nombre de concitoyens, ceux qualifiés d'illectronisme, pour lesquels le dernier kilomètre n'est jamais parcouru.
Avec la pandémie de coronavirus nous avons connu la distanciation sociale, depuis la transformation numérique de l'état nous connaissons la distanciation des services publics, jusqu'à leur quasi-disparition de l'espace public.
C'est la triste réalité de tous ceux qui veulent prendre attache avec un service public que ce soit les impôts qui ne reçoivent plus dans leurs hôtels cadenassés que sur rendez-vous et encore sur un nombre très limité de plages horaires.
Commentaire : la concordance des temps, le "en même temps macronien", de publication sur le thème de l'inadaptation de la transformation numérique de l'état, de sources différentes montre à quel point les problèmes sont criants et qu'il ne suffira aps au Président d'un coup de menton pour apporter des solutions répondant aux besoins des citoyens, pas plus que la création d'un nouveau machin du style CNR, Conseil National de la Refondation, dont il n'est, à ce jour, rien sorti.
Cela dit, il y a 5 ans, dans son édition du 31/10/2018, lemonde.fr titrait un article "Comment fait-on quand on n’a pas d’ordinateur ?" relevant, déjà, que "La dématérialisation des démarches administratives, un des piliers de la « révolution numérique » du gouvernement, est potentiellement excluante". Quand le potentiel devient réalité, on se prend à regretter que la bande de technocrates qui dirige notre pays ne lise pas plus attentivement Le Monde et n'œuvre pas plus pour le Bien public au lieu de distribuer des prébendes ! !
Pour les TPE, une question se pose : L'informatique et sa cohorte de techniques matérielles ou logicielles est-elle vraiment, non pas indispensable, non pas nécessaire, non, est-elle seulement utile? La transition numérique dans les T.P.E