L'analyse à grande échelle des conversations de tout un chacun sur Internet et sur les réseaux sociaux aurait-elle une valeur prédictive?
Dans cet article, étant amené à commenter une annonce faite par Le CEO (PDG) de Facebook, le nom du réseau social est remplacé par le terme REZO aussi souvent que possible sans que cela nuise à la bonne compréhension du texte.
Sur sa page Facebook, le 27/11/2017, Mark Zuckerberg a fait savoir qu'une amélioration des outils d'intelligence artificielle (I.A.) permettrait d'identifier d’éventuelles tendances suicidaires contenues dans les messages des utilisateurs du réseau social. De plus, la page newsroom de REZO annonce le début de l'extension du programme à d'autres pays.
Cette soi-disant prévention du risque de suicide existait déjà chez REZO sous la forme d'un signalement ou une d'une dénonciation des messages inquiétants par "chat" auprès des opérateurs du réseau social ou avec un bouton de prévention selon votre géolocalisation.
Du fonctionnement de ce programme on ne sait rien, et REZO n'en dit pas grand-chose. Si ce n'est que tous les contenus, messages publiés ou vidéos diffusées en direct, sont systématiquement analysés à la recherche de formes d'expressions qui pourraient annoncer un suicide.
En cas de détection de messages ayant du contenu à tendance suicidaire REZO peut relayer l'information vers le contact le mieux approprié selon la gravité de l'alerte.
Un premier niveau est une page d'aide en ligne dont on peut mesurer la "richesse" du contenu.
Ce qui est inquiétant, c'est que REZO puisse faire une telle annonce de surveillance systématique de l'ensemble de ses clients, on ne l'ignorait pas, sans que cela ne soulève un tollé général. Le plus surprenant encore c'est que les utilisateurs continuent à utiliser REZO, alors qu'ils devraient déserter en masse le réseau au nom du respect du droit à la vie privée, d'autant qu'il ne sera pas possible de désactiver "l'observation" des messages.
Décidément les dirigeants de REZO doivent croire que leurs utilisateurs sont des crétins. Peut-être ont-ils raison.
Derrière cet apparent intérêt pour les membres de la "communauté", Le vrai message envoyé par REZO, n'est pas l'annonce de son intervention dans la prévention des suicides à l'aide d'une intelligence artificielle, l'I.A. c'est pour faire technologique, mais la mise en œuvre et l'extension au monde entier d'un programme de surveillance généralisée. Il faut bien comprendre que la prévention du suicide n'est qu'une des applications possibles de ce programme, autrement dit, le masque derrière lequel se cache un flicage généralisé, officiellement limité à REZO, pour l'instant.
Si, actuellement, l'Union Européenne n'est pas concernée pour cause d'entrée en vigueur le 25 mai 2018 du règlement dit "RGPD", est-il nécessaire de rappeler que la protection de nos données à caractère personnel, de notre vie privée et de notre intimité commence par ce que nous acceptons ou pas de partager?
Facebook et la prévention du suicide? Je n'y connais rien en matière de prévention du suicide et guère plus en misère sociale et relationnelle, ni dans ce monde égoïste dans lequel REZO n'entretient qu'une illusion de vie sociale. Existe-t-on plus parce que l'on a un compte REZO? Pas sûr ! La démonstration du contraire est faite par l'exemple des désespérés qui diffusent leurs suicides en ligne afin de briser, une ultime fois, l'isolement et l'indifférence. Mais qui saura, qui se sentira concerné? Non, je ne crois pas que REZO puisse aider à prévenir le mal-être et que bien au contraire il l'accroit en entretenant un égarement conduisant à encore plus d'isolement avec de pseudo-contacts, des ersatz de relations, des succédanés d'amis plus ou moins inconnus quand notre espèce est plutôt du genre sociable, particulièrement les plus jeunes. Nous avons besoins de voir, toucher, écouter, dire, sentir et ressentir. Toutes choses qu'un réseau virtuel ne peut apporter.
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