Alerté par un nouveau genre d'arnaque, lire sur geekzone.fr, je me suis connecté à mon compte client chez mon F.A.I. pour désactiver une fonction dont je n'ai pas l'usage et afin de prévenir un risque.
C'est, alors, que j'ai découvert que mon F.A.I. propose benoîtement de mettre à ma disposition les informations qu'il collecte, habituellement sans me le dire, lors de mes navigations sur Internet. Gentiment appelé "Miroir Digital", cette application "présente une vision globale et détaillée de vos usages via l'analyse de votre navigation. " sic ! De même, ce "Miroir Digital" vous permettra de recevoir " des recommandations personnalisées" sous forme de "contenu, des offres et des bons plans vous sont proposés en fonction de vos thématiques préférées." Resic ! Bref, de la publicité ciblée.
Au passage, il vous est recommandé d'accepter les cookies.
Soucieux du respect de la confidentialité de vos données, le F.A.I. vous permet à tout moment de désactiver le service si vous ne souhaitez plus en profiter. C'est un minimum, mais le F.A.I arrête-t-il pour autant de collecter et de traiter les données de vos surfs? Sûrement pas !
En activant ce service, ne légitimez-vous pas une atteinte à votre intimité? L'observation continue de votre comportement sur Internet est une véritable intrusion dans votre vie privée. En effet, il n'y a pas de raison de croire que vos centres d'intérêts soient différents dans la vie réelle que sur Internet. Bien au contraire, lorsque vous surfez sur le Net, vous le faites, le plus souvent de chez vous, à l'abri des regards, où vous seriez plus enclin à aborder des thèmes dont vous ne parleriez pas sur la place publique.
Le F.A.I. déclare : "Les sites traitant des sujets suivants : religion, philosophie, origine raciale, sexualité, appartenance politique ou syndicale, santé ne sont pas pris en compte." C'est une affirmation vide de sens parce qu'elle est imprécise quant à la non-prise en compte. Votre navigation sur les sites "non pris en compte" fait quand même l'objet d'un traitement pour être identifiés comme tels.
La prise de conscience de cette observation constante de vos faits et gestes sur Internet ne risque-t-elle pas de vous mener vers une forme d'auto-censure?
En activant ce service, ne reconnaîssez-vous pas, de facto, un droit sans limites au F.A.I. sur vos données de navigation, incluant, au-delà du traitement et des effets annoncés, la possibilité d'en disposer à sa guise, notamment de revendre ces données à qui bon lui semble?
Jusqu'où ira le cynisme de nos fournisseurs d'accès?
Ce "Miroir Digital" n'est rien d'autre qu'un historique de vos navigations auquel vous n'aurez d'autre accès que celui que votre F.A.I. voudra bien vous concéder, que vous ne pourrez pas effacer et qui aura la mémoire longue et bien meilleure que la vôtre.
Enfin, ce pseudo service "Miroir Digital" n'a d'autre utilité que d'autoriser votre F.A.I. à exploiter encore plus vos données de navigation sur le Net et de se les approprier légalement.
Lors de la rédaction de cet article en avril 2016, j'avais posé, en conclusion, la mauvaise question. Ce n'était pas jusqu'où le cynisme… mais jusqu'à quand?
J'ai trouvé incidemment la réponse sur le site de l'assistance commerciale d'Orange annonçant que Le service Miroir Digitalla page initiale n'existe plus sur orange.fr mais la copie est ici au format pdf. est définitivement arrêté depuis le 8 novembre 2017. Et que "l'ensemble des données personnelles recueillies dans le cadre de ce service ont automatiquement été effacées le 8 novembre 2017".
Effacées ne veut pas dire pour autant qu'elles n'existent plus et ne seront pas exploitées. Les données du Miroir Digital ne sont, seulement, plus accessibles par le client.
A moins, qu'il ne s'agisse d'une mesure préventive à l'entrée en vigueur le 25 mai 2018 du Règlement Général de Protection des Données.
N'oublions pas que l'une des obligations du F.A.I consiste à collecter et conserver les données de connexions pendant au moins un an comme le prévoyait le code des postes et des communications électroniques dans son article L34-1 au point N°3 avant sa modification en date du 31/07/2021 afin de pouvoir les remettre sur réquisition judiciaire ou administrative.
La nouvelle rédaction, induite par la loi du 31 juillet 2021, de cet article, si elle est plus précise n'en paraît, pour autant, pas moins excessive notamment par son caractère généralisé. A titre de comparaison et sauf exception, quelles traces de nos déplacements et fréquentations, hors Internet, GPS, smartphones et autres terminaux électroniques, sont conservées, ne serait-ce qu'un seul jour?
La Quadrature du Net :